L’accord parental va devenir obligatoire avant 15 ans pour s’inscrire sur les réseaux sociaux
Plus de réseaux sociaux sans accord parental : le Parlement a adopté ce jeudi 29 juin l’obligation pour les plateformes comme TikTok, Snapchat ou Instagram de vérifier l’âge de leurs utilisateurs et le consentement des parents quand ils ont moins de 15 ans. Après le feu vert final de l’Assemblée nationale la veille, la proposition de loi a obtenu celui du Sénat, lui aussi unanime. Il vaut adoption définitive du texte porté par Laurent Marcangeli, patron des députés Horizons (camp présidentiel), examiné dans un climat consensuel dans les deux chambres.
Sa date d’entrée en vigueur sera fixée par décret, dans la foulée d’un avis que devra rendre la Commission européenne sur sa conformité avec le droit de l’UE. Les réseaux sociaux auront ensuite un an pour se plier à leurs obligations pour les nouvelles inscriptions. “Soyez assurés que nous veillerons à ce que ce texte puisse s’appliquer dans les meilleurs délais”, a promis Jean-Noël Barrot, le ministre chargé de la Transition numérique, saluant une mesure “qui fera date”.
Une première inscription vers 8 ans en moyenne
De la pornographie au cyberharcèlement, en passant par les standards de beauté inatteignables ou les procédés addictifs pour capter l’attention : les parlementaires ont égrainé les risques face auxquels il fallait protéger les plus jeunes.
La majorité numérique à 15 ans à laquelle se réfère la proposition de loi a été introduite en France en 2018 en application d’une législation européenne, qui laissait la possibilité de la fixer entre 13 et 16 ans. Mais ce seuil concerne plus largement l’âge sous lequel un accord parental est requis pour que les données personnelles d’un mineur soient traitées. Surtout, il n’est pas véritablement appliqué et n’a pas eu d’impact sur l’accès des enfants aux réseaux sociaux.
En théorie, les réseaux sociaux ne sont pas ouverts aux moins de 13 ans. Mais la première inscription y interviendrait en moyenne vers huit ans et demi, et plus de la moitié des 10-14 ans y sont présents, selon des données de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
Face à cette situation, le texte adopté instaure une obligation pour les réseaux sociaux de vérifier l’âge des utilisateurs et d’obtenir “l’autorisation de l’un des titulaires de l’autorité parentale” pour les moins de 15 ans. Ils devront utiliser “des solutions techniques conformes à un référentiel” élaboré par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).
L’absence à ce jour d’un dispositif faisant l’unanimité a été plusieurs fois soulignée lors des débats, mais les parlementaires ont jugé que cela ne devait pas les empêcher d’envoyer un signal fort. L’accord parental devra aussi être obtenu pour les comptes déjà détenus par des moins de 15 ans, une obligation qui entrera en vigueur deux ans après celle de la loi.
En cas de manquement, les réseaux sociaux s’exposeront à une sanction, avec une amende allant jusqu’à 1% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise. Le texte permet aussi à un titulaire de l’autorité parentale de demander la suspension du compte d’un enfant de moins de 15 ans. Et il impose aux réseaux d’activer un dispositif de contrôle du temps d’utilisation pour les mineurs.
Bientôt les sites pornographiques
Le texte “ne pourra suffire à mettre fin à lui seul aux dérives”, a admis son initiateur Laurent Marcangeli, appelant à “avancer sur les techniques de vérification de l’âge et à investir massivement dans l’éducation au numérique pour les parents, les enfants et les enseignants”. Il ne s’agit pas “de priver les jeunes de l’accès à un réseau social, mais bien d’apporter une réponse adaptée aux abus nés d’un usage précoce et non encadré”, a souligné jeudi Alexandra Borchio Fontimp (LR), rapporteure du texte au Sénat.
Ces nouvelles dispositions s’inscrivent dans une série d’initiatives du camp présidentiel. Un texte pour protéger le droit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux a été récemment adopté en première lecture par les deux chambres, qui doivent encore parvenir à une version commune. L’Assemblée a aussi adopté en première lecture en mars des mesures contre la surexposition des enfants aux écrans.
Côté exécutif, le gouvernement défendra à partir du 4 juillet au Sénat un projet de loi pour “sécuriser et réguler l’espace numérique”, avec notamment des mesures pour rendre effective l’obligation pour les sites pornographiques de vérifier que leurs utilisateurs sont majeurs.